COMMUNIQUÉ DE PRESSE Nº 107/03
27 novembre 2003
Arrêt de la Cour dans les affaires préjudicielles C-34/01 à C-38/01
Enirisorse SpA / Ministero delle Finanze
L'ATTRIBUTION D'UNE PARTIE D'UNE TAXE PORTUAIRE À UNE ENTREPRISE CHARGÉE DE LA MANUTENTION DANS
LES PORTS CONSTITUE UNE AIDE D'ÉTAT SI ELLE N'EST PAS LIÉE À UNE MISSION
DE SERVICE PUBLICS AUX COÛTS PRÉALABLEMENT DÉFINIS.
Le juge national doit empêcher la perception et lattribution de la partie de
la taxe destinée aux entreprises bénéficiaires.
Depuis 1974, une taxe sur le chargement et le déchargement des marchandises transportées
par voie maritime et aérienne est perçue - dans tous les ports dItalie
- et versée au Trésor public. Le montant de la taxe (qui varie
de 0,01 EUR à 0,05 EUR par tonne métrique, selon les marchandises) est déterminé
pour chaque port par décret du Président de la République. Le produit de
cette taxe est affecté pour les deux tiers aux Aziende (pour laccomplissement de
leurs tâches), le restant revient à lÉtat.
La société Enirisorse a effectué, par ses propres moyens, des opérations de chargement
et déchargement de marchandises nationales et étrangères dans le port de Cagliari, sans
utiliser les services de lAzienda opérant en ce port. Considérant que la taxe
(due même si lopérateur ne recourt pas aux services de lAzienda) entraîne des
distorsions de la concurrence et constitue une aide dÉtat au profit des Aziende,
Enirisorse a refusé de la payer.
La Cour de Cassation sest donc adressée à la Cour de justice par la
voie dune procédure préjudicielle.
La Cour rappelle que pour être qualifiée daide dÉtat, lintervention doit provenir des
ressources de lÉtat, être susceptible daffecter le commerce entre États membres, favoriser directement
ou indirectement une entreprise et fausser ou menacer de fausser la concurrence.
Le pourcentage de la taxe portuaire octroyé aux Aziende provient du budget de
lÉtat. Cette attribution pourrait influencer les échanges intracommunautaires car elle est affectée à une
entreprise établie dans un port et dans le cadre du chargement et déchargement
de marchandises.
Pour que lintervention étatique ne soit pas considérée comme un avantage, elle doit
constituer une compensation à laccomplissement dune mission de service public clairement définie (et non
un avantage financier) et les paramètres pour le calcul de la compensation doivent
être préalablement établis de manière objective et transparente.
La Cour rappelle au préalable que lexploitation de tout port de commerce nentraîne
pas automatiquement laccomplissement dune mission de service public.
Pour autant que les Aziende ne démontrent pas quelles sont chargées dune mission
de service public et que le montant qui leur est attribué constitue la
compensation des coûts occasionnés par l'exécution d'une telle mission, l'attribution de ce montant
est susceptible de constituer une aide d'État.
La Cour déclare ensuite que le traité interdit toute aide qui a été
mise à exécution sans être notifiée : le juge national doit prendre toutes les mesures
nécessaires afin dempêcher tant la perception d'une partie de la taxe que son
attribution aux bénéficiaires.
Il est à noter que la nature éventuellement illégale de la taxe portuaire ne
concerne que la partie reversée à lentreprise bénéficiaire (le reste de la taxe versée
au trésor nest pas affecté).
Document non officiel à l'usage des médias, qui n'engage pas la Cour de justice. Langues disponibles:français, anglais, italien Le texte intégral de l'arrêt se trouve sur internet (www.curia.eu.int ) Généralement il peut être consulté à partir de 12 heures CET le jour du prononcé. Pour de plus amples informations, veuillez contacter Mme Sophie Mosca-Bischoff Tél: (00352) 4303 3205 Fax: (00352) 4303 2034 |